Ce récit est tiré du blog de Monsieur Saint-Aubin, ancien instituteur à Laprugne
La forêt de l’Assise fut, durant la dernière guerre, un des hauts lieux de la Résistance. De nombreux combats y opposèrent les résistants aux miliciens et soldats allemands. Voici un de ces tragiques épisodes, qui eut lieu dans la commune voisine de Saint-Nicolas, tout près de la chapelle de la Madeleine, épisode connu sous le nom de « fermes brûlées » et raconté par Marcel Goninet, natif de Laprugne et ancien proviseur de lycée.
Début juillet, un long combat avait mis aux prises deux cents allemands et les soixante hommes du maquis du Gué de la Chaux, plus exactement de la Chapelle de la Madeleine. Ce groupe dépendait du lieutenant Barriquant, dit Aimaire. Cependant les maquisards de la Madeleine avaient avec eux le « Capitaine » Bardet qui fut, manifestement, surpris par l’attaque qui eut lieu le 22 juillet, jour de la fête de Sainte Marie Madeleine. Jusqu’à la fin du XVIII ème siècle, ce jour-là, les habitants de la région venaient en procession dans la chapelle voisine, aujourd’hui disparue. Une dizaine de jours plus tôt, un des maquisards avait été arrêté par les allemands à Saint-Nicolas-des-Biefs, alors qu’il transportait du ravitaillement. C’était, à ce que l’on a dit, un jeune qui risquait de « parler ». Aussi un maquisard, Jean Pierre Lau, qui devait être tué lors d’un combat ultérieur, descendit à Roanne prévenir les responsables. Le « décrochage » eut été facile ; mais il en fut décidé autrement sous le prétexte que le camp attendait un parachutage. Le maquis s’attendait donc à une attaque et des sentinelles avaient été postées sur les chemins d’accès.
Or les allemands arrivèrent directement par la forêt en passant par le relais de chasse du comte de Broglie, guidés certainement par le prisonnier. D’ailleurs un des témoins du combat, Daniel Devernois, alors tout enfant, eut la surprise de le voir tenu en laisse par un S.S. Il semble que la bataille dura de 6h 30 à 10 heures, menée par 200 allemands, puis reprise à 14h30, l’ennemi ayant emmené des renforts.
Les maquisards perdirent 5 hommes, dont Lau, alsacien d’origine, Forge, âgé de 16 ans à peine, Quatrepoint, ancien champion cycliste local, père de famille âgé d’environ 45 ans, Bérard et un autre tué auprès de lui. Ils se replièrent alors et se divisèrent en 2 sections : l’une alla rejoindre les FTP d’Arconsat, l’autre se reforma à Saint-Georges-de-Baroille.
Les SS arrêtèrent 9 personnes à la ferme : le fermier Dépalle, son fils, sa femme, ses deux filles et un petit berger, Daniel Devernois, deux cultivateurs du hameau des Places, Antoine Mazioux et le jeune Roger Dégoulange venus faucher, et, bien sûr, Bardet.
Dépalle et son fils moururent en déportation. Les autres furent libérés après quelques jours d’emprisonnement, mais le jeune René Dégoulange devait mourir quelques mois plus tard des suites de cette incarcération.
Le monument du Gué de la Chaux perpétue la mémoire de ces morts. Les ruines des »fermes brûlées » disparaissent sous la végétation, seules quelques tombes aux alentours sont fleuries chaque année.
Source : Tous les détails de ce tragique épisode ont été consignés dans le livre de M Moncorgé consacré à la Résistance dans les Bois Noirs, grâce au témoignage d’un des rescapés, Daniel Devernois.