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VOISIN Roger, Alexandre, Marcel
Né le 10 juin 1911 à Ceton (Orne), blessé au cours d’une action résistante le 27 août 1944 à Saint-Menoux (Allier), mort le même jour à Souvigny (Allier) ; militaire de carrière ; résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Extrait de Valmy cité par Robert Chevet
sur https://resistanceenbourbonnais.fr/
FIGURES DE LA RÉSISTANCE MOULINOISE
Capitaine Roger VOISIN
Normand jovial et bavard, Voisin en quelques années s’assimile au Bourbonnais. Il connaît tout Moulins où il sut vite se faire de très nombreux amis, ce qui lui permettra de faire la chasse aux renseignements et par la suite de dépister la milice qui le guette.
Né pour commander, volontaire et actif, Voisin se sentira vite attiré par le métier des armes. Par son seul travail. Par son seul travail, il obtient ses diplômes et devient instituteur en Normandie. Pas pour longtemps ! Il s’engage et va chercher ses galons d’officier à Saint Maixent, où il reviendra plus tard comme instituteur. La guerre le trouve au 152e R.I., le fameux régiment des « Diables Rouges » qui gagna la fourragère rouge à la « dernière ». Il a connu Rethel. Il sera aussi à Saumur avec les Saint-Maixentais, volontaire pour la défense de la ville et y obtiendra la Croix de Guerre. Enfin il sera Inspecteur des Postes à la ligne de démarcation de l’Allier, puis commandant d’armes par intérim à la Madeleine.
Dès la dissolution de l’armée d’armistice, il milite à l’A.S. (Armée Secrète). Mais son activité inquiète Vichy. Indésirable, accusé d’avoir créé les Corps Francs dans l’Allier, il est interné à Saint Paul d’Eyjeaux, le jour de mardi gras l’an dernier, pour trois mois. Mais à sa sortie, il ne peut pas ne pas reprendre son activité, il veut reconstitué secrètement le 152. Il a besoin de parcourir le département pour assurer ses liaisons : Chatel-Montagne, Varennes, Dompierre …
Il entre alors à la préfecture et devient en septembre dernier Directeur Départemental de la Défense Passive. Nuit et jour, il est alors sur les routes, la plupart du temps à bicyclette. Mais il est espionné par la milice et sa sacoche d’officier est souvent visitée. Mieux même, il retrouve celle ci, un matin, devant la porte de la gendarmerie à Souvigny, qui lui avait été volée la veille sur le guidon de son vélo. Mais il est sur ses gardes et se joue des miliciennes. Il est en relation suivies avec les M.U.R. et regroupe les anciens du 152.
Et le moment tant attendu arrive :
Le 10 août, le capitaine Voisin prend le maquis. Il installe le PC de sa compagnie à Chatel de Neuvre. Mais il a besoin d’armes, les parachutages sont insuffisants ! Il n’hésite pas. Le 18 à sept heures du soir, mes mousquetons des gendarmes du Quartiers Villars partent par la grande porte, enveloppés dans une toile de tente , sur le porte bagages de son vélo. Il participe à un accrochage à Dompierre où il perd six hommes.
Le dimanche 27, la colonne sanguinaire et furieuse de boches et miliciens est à Ygrande, Bourbon, Saint-Menoux, sème la terreur à Marigny. Voisin se trouve à Souvigny avec une voiture et deux hommes. Un bruit court : les gars attaquent la colonne, mais sans commandement. Voisin estime alors que le devoir l’appelle : il veut regrouper les volontaires et les dégager s’il en est encore temps. La voiture arrive à 500 mètres de Saint-Menoux : le silence les surprend. Pas un coup de feu, pas un maquisard en vue : il tourne alors la voiture en travers de la route ; Lui et ses hommes, mitraillettes en mains, prennent alors position dans le fossé. La fusillade éclate de partout, les balles sifflent et ricochent sur la chaussée. Son garde du corps retrouvera plus tard une balle dans son portefeuille. Ils sont en pleine embuscade et l’affaire sera chaude. Il n’est pas question de tenir ; il faut décrocher avant que la route soit barrée. Voisin et le chauffeur sautent dans la voiture, la remettent en route sous la protection de la troisième mitraillette. Le capitaine appelle alors son fidèle Julien qui saute dans la voiture, entouré d’un essaim sifflant de balles. « Je suis touché » sont les derniers mots de Voisin ; trois balles l’ont atteint au ventre. Une balle crève un pneu de la voiture qui fait une embardée terrible et aggrave la blessure. Quelques instants plus tard, il expirait chez le docteur Magnier, victimes du devoir et des bobards.
Mort pour la France ! La mémoire du capitaine Voisin a du se réjouir quelques jours plus tard à la libération de Moulins. Nous avons vu arriver l’après midi du 6, son unité qui défila sous un tonnerre d’acclamations devant la Préfecture et à la tête de laquelle nous aurions pu le voir. C’est le cœur serré par son absence, que j’ai salué ce défilé !… il eut été su fier, tant fêté, n’est ce pas, vous tous, ses nombreux amis.
A sa veuve, à ses deux jeunes enfants , à ses parents et beaux parents ignorant leur deuil et que nous espérons vivants, dans leurs cités meurtries mais célèbres désormais de Flers et de Céton, nous exprimons à nouveau nos sincères condoléances ; nous reportons sur eux la gratitude que nous vouons au capitaine Voisin, mort pour la France
JOURNAL VALMY JUILLET 1945