é
L’attaque de l’hôtel de l’Écu (27 juillet 1944)
A partir de juin 1944, l’hôtel de l’Écu (situé rue Paul Constans, tout près de la place des Trois Ayards, actuellement place Louis Bavay, et du pont Saint-Pierre) sert de QG à un groupe collaborationniste, le Comité d’action pour la justice sociale, que l’on a longtemps confondu avec la milice. Les « miliciens » sont dirigés par un personnage trouble du nom de Lamy qui utilise son groupe comme une police supplétive de la Sipo-SD ). La population de Montluçon et de ses environs redoute les exactions de la « bande à Lamy ». Le 15 juillet 1944, quarante-deux personnes sont arrêtées à Huriel par les « miliciens » et gardées prisonnières à l’hôtel.
L’état-major des FFI est alors stationné à Deneuille-les-Mines. Ernest Frank qui dirige les FFI de l’Allier décide d’une action coup de poing que doit encadrer Raymond Courteau. C’est l’occasion d’unir les différents groupes de résistance qui appartiennent tous aux FFI, mais qui se divisent encore entre MUR (Mouvements unis de Résistance) et FTP (Francs-tireurs et partisans). L’action est minutieusement préparée. Des armes récemment parachutées par les Alliés, en particulier des pistolets américains et des fusils mitrailleurs anglais, sont distribuées aux maquisards qui participent à l’opération. Une dizaine de voitures (des tractions Citroën, mais aussi des Peugeot) sont numérotées afin de faire croire que vingt véhicules sont engagés dans l’opération. Dans chaque voiture, prennent place quatre ou cinq hommes et un fusil-mitrailleur.
Le 27 juillet, le convoi se forme entre Deneuille et Saint-Angel. Les voitures contournent Montluçon, passent par Dunlop et se séparent : certaines doivent empêcher l’arrivée des Allemands ; d’autres assurer la retraite ; les dernières permettre d’attaquer les « miliciens » à l’heure du déjeuner. Une voiture tombe en panne et du retard s’ensuit. L’attaque de l’hôtel de l’Ecu ne commence finalement que vers 13 heures. Des « miliciens » ont déjà quitté la table. Les maquisards jettent leurs grenades quadrillées à travers la vitre du restaurant de l’hôtel. Ils essuient alors des tirs venus des étages, auxquels ils ripostent par des rafales de fusils mitrailleurs. Ils lancent des bombes Gammon (des grenades antichars de fabrication anglaise). Elles explosent avec un bruit étourdissant. Au bout d’une quinzaine de minutes, le son du clairon annonce le repli. Une voiture cale. Ses quatre occupants s’enfuient à pied. Les autres véhicules partent sans encombre.
Deux ou trois collaborationnistes ont été tués, dont Lamy ; sept sont blessés. Du côté des maquis, on ne compte qu’un seul blessé léger. Quand les Allemands arrivent, ils tuent un jeune résistant qui se trouve malencontreusement sur les lieux, et emprisonnent cinq personnes. La police française refuse de s’associer aux actions de l’occupant. La population reprend courage. Si les maquisards n’ont pu libérer les prisonniers, évacués la veille, ils ont montré leur coordination et leur détermination.