Commencé par Freyssinet en 1914, achevé 9 ans plus tard du fait de la guerre, le pont de Châtel de Neuvre, détruit en 1940, sera reconstruit en 1947 avec des structures métalliques récupérées du débarquement à Arromanche…
Débâcle
Au printemps 1940, l ‘armée française recule vers le sud devant l’avancée allemande atteignant Moulins le 18 juin. Pour retarder la marche de l’ennemi, l’armée française détruit les ponts sur l’Allier dans la traversée du département, Moulins, Chazeuil et Châtel-de-Neuvre où s’était installée une unité de défense.
Escarmouches et victimes
Dans les échanges de tirs entre les soldats français sur la rive gauche et l’armée allemande descendant vers le sud par la route nationale 7, des obus ont atteint le bourg de Châtel où deux victimes civiles seront à déplorer, qui, trop curieuses,étaient sorties de leur abri. Difficile de passer l’Allier ! Une fois le pont détruit, le franchissement de la rivière est assuré par un bac permettant un passage de véhicules limité à 2,5 tonnes. La passerelle établie assez rapidement ne put pas résister aux crues de l’hiver 42-43, compliquant jusqu’à la traversée des piétons.
Du provisoire qui va durer…
Pendant le temps de la guerre, les forces d’occupation ne rétabliront pas de pont pour passer l’Allier à Châtel-de-Neuvre. Il faudra attendre 1947 pour qu’un pont provisoire, dit« Pont d’Arromanches », soit installé. Il a été construit à l’aide de modules métalliques ayant servi à la liaison entre le port artificiel Mulberry installé en face d ‘Arromanches lors du Débarquement du 6 juin 1944 et la côte normande. La récupération de ces éléments qui avaient constitué plus de 15 kilomètres de jetées flottantes a ensuite permis de reconstruire près de200 ponts détruits pendant la guerre en France. Cette construction provisoire va servir plus de trente ans avant que le pont actuel ne soit réalisé (inauguration en 1979).
La plaque de la stèle du bord d’Allier témoigne de l’aventure de ces neuf modules d’acier fabriqués en Angleterre avant d’être assemblés avec des centaines d’autres pour former les cinq jetées des ports artificiels d’Arromanche qui avaient fait transiter 2 millions et demi d’hommes, 500 000 véhicules et 4 millions de tonnes de matériel pendant la bataille de Normandie !