Marcelle LACARIN

10 janvier 2020

Tronget : la Centenaire à l’honneur.

Parmi les présents qu’elle reçoit, le cadeau symbolique témoigne de son engagement, de son dévouement et de sa fidélité à la cause de la Résistance en faisant dialoguer les deux images de cette femme courageuse, de la détermination dans le regard de la jeune d’hier au sourire plein de sagesse de la centenaire d’aujourd’hui.

Samedi 26 janvier 2013, le comité local de l’Association des Anciens Combattants et ami(e)s de la Résistance – ANACR tenait son assemblée générale annuelle à Tronget. C’est à cette occasion qu’un hommage tout particulier fut rendu à la doyenne de l’Association, Marcelle LACARIN, qui venait de fêter ses cent ans. En lui souhaitant au nom de tous son anniversaire exceptionnel, Daniel Levieux, président du Comité Local a pu souligner les qualités de cette femme d’honneur et de devoir. Marcelle n’en revient pas d’avoir cent ans ; et pourtant elle les porte bien, avec le sourire malicieux qui lui va si bien. D’une nature aussi généreuse qu’exigeante, l’esprit tellement vif qu’il en est aisément rebelle ou frondeur, aussi chaleureuse et clairvoyante, elle reste discrète sur tant de choses qu’elle n’aura jamais dites. « J’ai fait mon travail, à ma façon… », c’est un engagement aussi naturel qu’elle en banalise l’importance ! C’est dans un courrier reçu à Cressanges début juin 1945 de Jean Rieu dès son retour de déportation et qui disait à Marcelle et à sa famille combien il avait songé « aux bons gâteaux de Marcelle » pour survivre dans la tourmente barbare de Buchenwald, qu’était puisé un souvenir d’époque. Et Marcelle se rappelait de ce résistant communiste accueilli dans sa clandestinité après son évasion de la prison de Saint-Etienne et son retour en bourbonnais conduit par Robert Fallut. Elle évoqua aussi les cinq années de séparation avec son mari, Lucien, retenu prisonnier en Allemagne…
Accompagnée de ses enfants, Marcelle était entourée de tous les adhérents du comité local de l’ANACR qui avaient tenu à célébrer son centenaire.

Prise de parole pour l’accueil de la centenaire

Marcelle,

Si nous t’imposons le tracas d’une petite visite à notre assemblée Générale du comité local de l’ANACR, c’est d’abord pour te dire Merci, et…

… Bon anniversaire ! un anniversaire pas ordinaire, puisque tu viens d’avoir 100 ans le 7 janvier dernier. Et tu es la première parmi nous à accomplir cette belle performance !

C’est pour t’en féliciter et surtout te dire merci, 100 fois merci au nom de l’ANACR pour ton engagement, ton dévouement et ta fidélité à la cause de la Résistance que nous partageons.

Avec ton centenaire tu nous offres le plus merveilleux cadeau qui puisse être, celui de la vie et de l’espoir.

Le hasard n’est pas de circonstance dans ta vie, c’est plutôt de choix qu’il faudrait parler, des tiens et de ceux plus contraints de tes parents, de ceux qui t’ont laissé rêver à des horizons que tu n’as pas connus, de l’enseignement ou du journalisme… Des talents dont tu as su conserver l’esprit.

Tous ceux qui t’ont côtoyée ne peuvent que retenir l’extraordinaire richesse humaine que tu nous offres : une nature aussi généreuse qu’elle peut être exigeante, l’esprit tellement vif qu’il en est aisément rebelle ou frondeur, aussi chaleureuse et clairvoyante que trop discrète sur tant de choses que tu ne nous auras jamais dites.

Avec la guerre et ses drames, Communiste parmi d’autres, la question ne s’est jamais posée pour toi de savoir choisir ton camp. Et c’est tout naturellement que tu as servi la cause de la Résistance. Il en est là qui peuvent témoigner au travers de leurs souvenirs de l’accueil qui leur était fait chez vous, du gite et du couvert, un abri sûr pour les clandestins.

Certains ont pu s’inventer de plus glorieux faits d’armes, mais c’est très volontairement que je choisis d’évoquer tes gâteaux… non pas pour ta prétendue gourmandise, mais pour ce qu’en écrivais Jean RIEU à son retour de Buchenwald en mai 45.

« … en Allemagne ce fut un véritable calvaire : travail forcé et famine. Combien de fois n’ai-je pas songé aux bons gâteaux que faisait Marcelle ?… »

Jean Rieu était dirigeant national du parti communiste clandestin, après s’être évadé de la prison de Saint Etienne où il avait été incarcéré, ramené en Allier par Robert Fallut et caché chez lui avant de venir chez vous à Cressanges fin 43.

Naturellement Résistante, Résistante de la première heure, la vigueur et la constance de tes convictions forcent le respect et font une belle leçon de vie.

Bon anniversaire Marcelle, toutes et tous ici, nous te souhaitons une bonne année de centenaire, une bonne santé et encore bien des bougies à souffler.

Les petits cadeaux que nous t’avons réservés sont à la fois symboliques et gourmands ; à côté de quelques friandises nous t’offrons ton laisser-passer du siècle, un laisser-passer universel illustré des deux visages de ta détermination et de ta sagesse.

Le comité