Les Biefs

Un lourd tribut payé à l’engagement dans la Résistance ! 

De par son relief escarpé, ses forêts et son éloignement des villes, la Montagne bourbonnaise fut un lieu propice à l’implantation des maquis. Ainsi, la commune d’Arfeuilles abrita le Groupe Franc, Alice ARTEIL. La répression fut également de mise, avec son lot de désolations.

Le Moulin-Gaucher : un « refuge » !

La « filière » de Roanne était très active sur les Biefs et alentours. M. Mignard qui tenait un garage à Roanne dirigeait vers le Moulin Gaucher, via la ligne de car Roanne-Arfeuilles, aussi bien des Juifs hébergés par Claude Terrenoire, que des réfractaires du STO, tel Johannes Fargeau accueilli, vêtu de sa tenue en nylon, bleu marine, cousue de fils blancs, chez Raymond et Madeleine Servajean, les propriétaires de la scierie, dont les planchers abritaient des fusils de chasse et la grange une Peugeot, beige, volée à un collabo, qui servait pour les coups de main. Mathieu Tamin, lui, au Bolard, laissait dormir, sous des bottes de paille, un camion rempli de matériel (blousons, chaussures américaines…). Au Dousson, la grange de Raymond Servajean servait  à abriter dix-sept maquisards, « Plumeau », le petit « maquignon »… commandés par un certain « Spada. » Parmi eux, se trouvaient également des italiens ayant fui Mussolini, des luxembourgeois. Toutefois, ce maquis fut dissout, involontairement, le 17 décembre 1943 : la descente des Allemands et de Karcher au village Fayot, puis la déportation de ceux qui refusaient de livrer du charbon de bois, fit disperser dans la nature le groupe. Aux Archers, une baraque, sans lumière, sans chauffage, abritait le Commandant Colliou dit « Roussel » auquel rendaient visite Alice Arteil, M. Coste, le docteur d’Arfeuilles, qui apportait les batteries nécessaires au fonctionnement du poste émetteur.

Stèle  en hommage à Alice ARTEIl et à son groupe Franc. Commune d’Arfeuilles, sur la D25. Dir. Le Mayet de Montagne

« Il y a quelque chose de pas normal qui se passe en bas ! »

Sous le bois Trapière, à deux pas du Moulin Gaucher, se trouvait l’atelier et le café des Terrenoire. Là, était le QG d’Alice Arteil qui s’y rendait, deux fois par semaine, depuis St Just-en-Chevalet. Leur fille, Christiane, « Cricri », faisait office d’agent de liaison entre Alice Arteil, à qui elle prêtait parfois son vélo quand elle crevait, et Colliou. Le « lieutenant » Dédé y était également planqué. Le 15 août 1943, la chance fut du côté des résistants, la visite opportune de Claude Servajean, les sauva ! Karcher et ses sbires passaient à tabac les Terrenoire lorsque celui-ci fut convaincu par Claude, le frère de Raymond Servajean, qu’il n’avait pas affaire à des « terroristes » : tous deux se connaissaient, ils avaient travaillé sur Roanne, vers 1937. Karcher avait été représentant en lubrifiant et Claude,  « encaisseur. » Toutefois, avant de partir, Karcher ne put s’empêcher d’avertir qu’il allait se rendre au Moulin Gaucher car il s’y passait des choses pas très claires. Il n’en eut pas le temps.

17 mars 1944, l’enfer de la répression !

Le lieutenant « Dédé », ayant repéré deux miliciens qui traînaient aux Biefs décida de les liquider dans la villa, Le Bois Dormant, où ils dormaient. Après en avoir abattu un, puis blessé l’autre, faute de balle, c’est Monin, le restaurateur de l’Hôtel des Biefs, qui vint pour le « finir », au couteau. Le milicien ayant disparu, il ne put s’exécuter.


L’alerte fut donnée et un détachement de 200 à 250 allemands vint de Roanne pour mener des opérations punitives. La répression allait être terrible. Deux réfractaires, hébergés à l’Hôtel, René Ehrhard, Jean Carrier, furent arrêtés ainsi qu’Hélène Monin (et pas son époux), la propriétaire. Karcher mit la main sur « Plumeau » – il faisait la plonge à l’Hôtel. Sous les coups, le gamin de 18 ans livra les noms de ceux qui ravitaillaient le maquis et chez qui il dormait. Suivant les renseignements fournis par Plumeau – par chance, il « oublia » de parler du Moulin Gaucher – les allemands se rendirent dans plusieurs hameaux, brutalisant, arrêtant, pillant et incendiant. Chez les Stalpaert aux Muzards, puis chez les Sérol aux Brizolles, puis les Domur et les Meunier. Ils firent sauter l’Hôtel des Biefs, la maison des Archers sans toutefois trouver le Commandant Colliou. Seuls Hélène Monin et Alphonse Sérol reviendront de déportation.

 
Stèle aux Brizolles à Châtel-Montagne