Le samedi 4 juin a été l’occasion d’un moment privilégié dans la transmission de la mémoire de la Résistance.
En effet, ils étaient plus de soixante à avoir répondu à l’invitation des écoliers et de l’ANACR pour découvrir le parcours créé par les élèves de CE2 de l’école de Tronget, parcours retraçant les dernières heures du résistant local, Louis Lanusse.
Un projet ancien
Ce projet a été mené en parfaite collaboration entre le comité Meillard-Le Montet de l’ANACR et l’école de Tronget. Il a débuté en 2017 avec un projet un peu fou d’ouvrir le travail de mémoire avec des élèves de primaire.
Lors de l’année 2017-2018, nous avons travaillé avec les élèves de CM1-CM2 encadrés par Elodie Buisson. Ce fut l’occasion de faire de l’histoire mais aussi d’ouvrir un travail de mémoire locale. Les élèves ont eu pour mission de découvrir et faire découvrir le destin tragique de Louis Lanusse, résistant trongétois, arrêté et exécuté dans le village le 18 juin 1944. Ce fut notamment l’occasion de rencontrer les nièces de Louis Lanusse (grâce à une « bouteille à la mer », message déposé sur la tombe de Louis avant la Toussaint en espérant que ceux qui fleurissent la tombe chaque année se manifestent…). Celles-ci ont pu expliquer le parcours de Louis avant son arrivée à Tronget. Les élèves, eux, ont montré et expliqué le chemin parcouru par Louis en ce matin du 18 juin. Ce furent des moments inoubliables pour tous les acteurs de cette rencontre, adultes comme enfants. En fin d’année scolaire, les élèves ont réalisé des panneaux explicatifs destinés à être implantés sur le parcours de Louis.
L’année scolaire suivante, la même classe s’est lancée dans la poursuite du projet ; mais avec des élèves différents. Les nouveaux CM2 ont commencé par initier leurs nouveaux camarades de CM1 au projet. Ils ont commencé de réfléchir à un jeu de piste qui pourrait accompagner les panneaux.
Puis, le projet a été mis en suspens… problèmes de santé, crise sanitaire, etc. nous ont forcé à la patience.
L’aboutissement
Enfin, 2022 a été l’heure du réveil de ce projet en sommeil. Soline Laurent-Parotin, directrice de l’école qui avait accompagné les élèves de CM dans le projet, a repris le projet de « jeu de piste » avec ses élèves de CE2. Ces élèves de 7-8 ans ont découvert à leur tour cet élément de l’histoire locale et ont créé un jeu de piste. Celui-ci a été construit en collaboration avec le Canopé et est utilisable avec tablettes ou smartphones. Le premier test de ce parcours a été réalisé jeudi 2 juin. Ce jour là, des élèves de 2 écoles de Roanne devaient être les premiers à découvrir le fruit de ce long travail. Mais cela n’ayant pas été possible en raison de problèmes matériels, ce sont les CM1-CM2 de l’école qui se sont attelés à la tâche. Ils ont su résoudre les énigmes les menant sur les différents lieux importants de la triste journée du 18 juin 1944. Chaque découverte de lieu a été l’occasion pour eux d’apprendre ce qu’il s’était passé dans les rues de leur village 78 ans auparavant.
Les retours faits en classe ont permis de confirmer que le jeu fonctionnait ; les élèves de CM ont appris énormément de choses tout en s’amusant. Ces retours ont également permis de procéder aux derniers ajustements avant la grande expérience du samedi.
Un moment de partage
Samedi 4 juin, les élèves de CE2 ont pu faire découvrir à une soixantaine de personnes leur réalisation. Certes, les QRCode disposés sur le parcours pour valider les énigmes n’étaient que provisoires (plus pour longtemps, espérons le). Les premiers panneaux réalisés dès 2018 sont toujours rangés (là encore, nous espérons qu’ils trouveront vite leur place). Mais ce fut un moment fort de partage de la mémoire de la Résistance.
Et quel plaisir de voir les élèves de CE2 face l’accomplissement de leur travail. Ils étaient très fiers de mener sur le parcours leurs parents ainsi que d’autres adultes invités ; quelle émotion également de voir circuler sur ce parcours les élèves qui, en 2017, étaient en CM et avaient inauguré tout ce travail.
Les parents aussi étaient tous très fiers du travail de leurs enfants et de l’école. Ils n’imaginaient pas que cela soit possible. En même temps, travailler sur la mémoire de la Résistance avec des élèves de 7 ans, vous vous rendez compte ?
Et pourtant ça vaut la peine de le faire. Ce travail a été, malgré les difficultés, une grande réussite. Il ne peut que conduire à d’autres travaux menés dans la même logique.
Nous aussi, à l’ANACR, nous sommes fiers du travail réalisé ; fiers de ces élèves de CE2 capables de s’approprier un bout de mémoire, mais quelle mémoire ! Fiers de voir tous ces anciens élèves revenir si nombreux pour se replonger dans l’histoire locale découverte quelques années plus tôt. Et fiers d’avoir fait le pari de la jeunesse avec les enfants… Toutes ces graines semées dans les esprits, même les plus jeunes, promettent la sauvegarde de la mémoire de la Résistance et de ses valeurs.