Comment les archives peuvent nous en apprendre par bribes recoupées… ?
Souvenirs,
Jamais je n’avais entendu mon oncle évoquer la période de la seconde guerre mondiale et son action dans la Résistance. Est-ce la mort de son père qu’il n’avait pratiquement pas connu, victime parmi des millions d’autres de la boucherie de 14/18 ? nul ne sait.
Il avait fallu que des années passent pour que ma grand-mère réponde à ma curiosité à propos d’un barreau descellé à la fenêtre qui donnait sur le jardin à l’arrière de la maison : c’était pour que Jean puisse s’échapper au cas où, un jour de passage…
Et j’avais aussi eu connaissance d’un de ses jours de passage aux Places à Tronget : c’était le lundi 18 juin 1944. En fin d’après midi il rejoignanit la petite maison familiale, depuis où ? On ne sait pas, mais il avait emprunté le train et par précaution il était descendu à la gare de Saint-Sornin pour accomplir la fin du trajet à pieds le long de la voie ferrée. Au passage à niveau du Hazard il avait emprunté la rue des Riats qui débouche sur la route nationale au coin du Parc de la Villa Marie Louise… C’était en fin d’après-midi… et pour lui jour de chance car c’est à cet endroit le long du mur, derrière la mare existant à l’époque, qu’avaient été alignés les otages pris par les soldats allemands dans la rafle du matin après qu’ils aient fusillé Louis LANUSSE.
Quand Jean BAGUET est passé par là, les otages avaient été libérés sains et saufs après l’intervention du chef de la Délégation Spéciale. Ce dernier avait ainsi réagi pour éviter le drame qui se profilait en se souvenant qu’il avait reçu un peu plus d’une semaine auparavant la visite des Résistants du village qui avaient obtenu qu’il leur remette ses armes et les clé de la mairie…
Que venait faire Jean BAGUET à Tronget ce jour-là alors qu’il était était entré au maquis le 23 mai 1944 ?
Peut-être revenait-il simplement prendre un peu de répit chez sa mère après avoir échappé aux attaques des deux semaines précédentes au Mont Mouchet et sur le réduit de la Truyère.
Il n’en avait jamais parlé à ses enfants ni à la famille autour de lui.
Nous n’en savons guère plus, mais nous savons désormais que Jean BAGUET a bien participé aux combats du Mont Mouchet après avoir répondu, comme de nombreux clermontois à l’ordre de mobilisation générale du 20 mai.
Comme les monuments du bord des routes, les archives sont autant de pierres semées sur le chemin de la mémoire pour conduire à la connaissance.
Daniel LEVIEUX