Histoire, mémoire, fiction…

24 janvier 2021

Le roman raconte, décrit, informe ; un article ou une biographie aussi. En matière d’histoire, le caractère scientifique de l’exercice impose ses exigences de véracité des contenus, de vérifications et de croisement des sources qui dépassent la simple retransmission d’un témoignage, d’une mémoire qui sera toujours sujette à l’érosion du temps et à la sélectivité du souvenir des hommes. A la limite du savoir l’imagination prend naturellement le relais pour « boucher » un trou de mémoire ou pour conclure le récit inachevé d’une aventure… La fiction dépasse la réalité.

La mémoire intimement liée à l’expérience humaine en transporte les émotions à partager. Le lecteur, l’auditeur ou le spectateur est entrainé dans l’aventure en complice d’une mémoire de parti pris. Il voyage dans le temps avec et à la rencontre des acteurs.
L’histoire se départira de la charge émotionnelle pour ne retenir que les faits et les processus de leur enchainement constituant le discours cohérent qui porte le sens qu’on lui assigne ; le lecteur, l’auditeur ou le spectateur est invité à partager l’analyse d’un état de fait institué dans le temps. Il appréhende le passé depuis son présent dans ses dimensions contradictoires et la multiplicité de ses points de vue.
La fiction romanesque, dramaturgique ou poétique peut s’ancrer dans un substrat historique et s’articuler sur la réalité des faits qu’elle rapporte ; mais elle s’affranchit de contraintes d’espace, de temps ou même d’acteurs, pour lui permettre d’élargir le spectre du récit ou de l’évocation, le plus souvent pour en faciliter l’accès dans un présent dont les codes sont trop étrangers au contexte initial ou avec des intentions de dramatisation. le lecteur, l’auditeur ou le spectateur est embarqué dans l’imaginaire de l’auteur ou du metteur en scène sans nécessairement mesurer l’écart au réel.

L’écrit conditionne-t-il la portée de son contenu à la forme qu’il emprunte ?
La fiction trahit-elle la mémoire ?
L’appréhension de l’histoire supporte-t-elle la fiction ?


A la lumière de la lecture de cet extrait d’un ouvrage de Christian Durandet, il peut être intéressant de s’interroger sur l’usage de la fiction pour explorer ensuite toutes les pistes, initiatives et projets susceptibles d’être utiles au service de la mémoire.