C’est devant la stèle Louis LANUSSE que le comité local Meillard-Le Montet célébrait la Journée Nationale de la Résistance cette année.
C’est en présence de Marie Françoise Lacarin Conseillère départementale et maire de Cressanges, et de Jean-Marc Dumont, maire de Tronget, président de la communauté de commune et conseiller départemental, représentant et déposant la gerbe du député Yannick Monnet, que notre camarade Yvette MICAUD, nièce de Louis Lanusse, déposa les fleurs de l’ANACR devant le monument de la Croix Saint-Joseph.
Prise de parole de l’ANACR
Le 27 mai 1943, réunis à Paris 48 rue du Four, sous la présidence de Jean Moulin, membre et ministre du Comité National Français, et seul représentant du Général de Gaulle en France occupée, les représentants de huit importants mouvements de Résistance – cinq de zone Nord, le Front National pour la Libération et pour l’Indépendance de la France, Libération-Nord, Ceux de la Résistance, Ceux de la Libération, et l’Organisation civile et militaire, trois de zone Sud, Combat, Franc-Tireur et Libération-Sud – ainsi que de six partis Résistants, les partis Communiste, Socialiste, Radical, Démocrate-chrétien, Alliance démocratique et Fédération républicaine, de même que des deux centrales syndicales clandestines, la CGT et la CFTC, tenaient la première réunion du « Conseil National de la Résistance », le C.N.R.
Ils installaient leur légitimité pour parler au nom de l’ensemble de la Résistance,
L’arrestation de Jean Moulin le 21 juin 1943 à Caluire, et sa mort le 8 juillet frappaient le mouvement, mais ils poursuivirent ensemble…
Ainsi, en octobre 1943, une douzaine d’organisations de jeunesse résistantes, tels les « Jeunes Chrétiens Combattants », les « Jeunes de l’OCM », les « Jeunesses Communistes », les « Jeunes du MLN », les « Jeunes Filles de France », les « Etudiants patriotes », s’unissent nationalement dans les « Forces Unies de la Jeunesse Patriotique », les F.U.J.P.
Amorcée dès la fin 1943 l’unification des structures militaires de la Résistance va se concrétiser dans la formation des « Forces Françaises de l’Intérieur ». Les F.F.I., qui, il y a 80 ans, ont joué un rôle important, majeur dans certaines régions, dans la libération de la France entamée le 6 juin 1944 par le débarquement allié en Normandie, que prolongea le 15 août suivant celui sur les côtes de Provence.
A l’été 1944, l’insurrection nationale des maquis, des groupes de combat urbain de la Résistance, à laquelle appelèrent le CNR et les Comités de Libération, conjointement à l’offensive des forces alliées débarquées, incluant des forces françaises en Normandie et en Provence, contraignirent les occupants nazis et leurs complices du régime pétainiste à une retraite prenant des allures de fuite. Une retraite hélas émaillée de crimes de masse contre les populations civiles, comme à Oradour, Tulle, Ascq ou Maillé.
Vaincre le nazisme, retrouver la liberté, des institutions démocratiques et une indépendance nationale… tels étaient les grands objectifs du « Programme du Conseil National de la Résistance », élaboration entamée en octobre 1943, publié le 15 mars 1944.
Au rendez-vous du 80ème anniversaire de la Libération et de la Victoire nous commémorons le sacrifice de tous les Résistants tombés au combat ou pris dans les filets de la gestapo ou de la milice de Pétain, emprisonnés, torturés, déportés, assassinés, amputant le pays de sa jeunesse… sacrifice également des combattants des forces alliées sur les fronts de l’Est comme de l’Ouest quand bien même les objectifs des Anglais et des Américains ne concordaient pas tout à fait avec ceux de la Résistance intérieure comme extérieure…
Mais ce n’est pas que l’anniversaire de faits d’armes, fussent-ils glorieux et déterminants pour la Libération. C’est aussi en cette Journée Nationale de la Résistance le moment de rappeler l’importance de la conquête et de la reconquête des avancées démocratiques, économiques et sociales préconisées par l’Assemblée Consultative Provisoire (A.C.P.) et le Programme du CNR. Et sur ce point c’est bien la nature populaire, citoyenne et civile de la Résistance qui les a inspirées. Car c’est bien sur le terreau progressiste des luttes contre l’extrême droite et les réactionnaires de tout poil de l’entre-deux-guerres que les fondations de la Résistance se sont construites, contre les ligues factieuses en 34, pour le Front Populaire en 36, en soutien aux Républicains Espagnols dès la même année…
Le 80ème anniversaire est aussi celui du vote des femmes (mais est-on bien sûr aujourd’hui que les femmes et les hommes de ce pays vivent bien libres, égaux et fraternels ?).
C’est aussi celui des grandes nationalisations des entreprises et services essentiels à la vie des Français : banques, industrie, énergie, communication… des services publics… les jeunes d’aujourd’hui seraient-ils condamnés à ne les retrouver que fleurs séchées entre les pages des livres d’histoire ?
C’est aussi celui de la protection sociale reformée, Sécurité Sociale, protection collective des aléas de la vie, maladie, vieillesse, maternité, perte d’emploi… le sens de la solidarité, la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers.
La journée Nationale de la résistance, c’est aussi une fête de la paix, aux antipodes des manifestations militaristes qui confinent la mémoire dans la célébration de l’affrontement et de la mort. La Résistance, c’était d’abord l’engagement des vivants face aux fauteurs de mort, l’engagement des vivants pour vivre libres, l’engagement citoyen pour regagner la démocratie, une leçon de courage et de solidarité, une leçon de vie !
Nous célébrons ce 27 mai dans un contexte désespérant de la violence et de la haine, des supporters abrutis qui s’étripent à un péage d’autoroute avant que le président de la République remette une coupe dans le microcosme friqué de leurs idoles, des règlements de compte entre trafiquants de drogue plus qu’il n’en faut… et, deux jeunes communistes en garde à vue à Poitiers pour avoir collé une affiche pour la paix au Moyen Orient…
Va-t-il falloir assassiner Jaurès une seconde fois ? On y croirait presque en écoutant l’ancien chef d’état major des armées françaises, le général Lecointre qui vient de publier « entre deux guerres » ; il regrette de voir mal compris le métier de militaire, faute de guerre sur le sol français… une épreuve de la guerre, considérable, aussi extraordinaire qu’épouvantable qui reliait les hommes entre eux…
Quand le nouveau fascisme menace du menton en France comme ailleurs en Europe est-ce bien avec ce type de déclaration qu’on peut proposer à la jeunesse que ce réalise l’espoir des Résistants gravé dans les mots du programme du CNR, « Les Jours Heureux » ?
On néglige l’ONU pour renforcer l’alliance militaire de l’OTAN, on pousse à l’affrontement au détriment de la diplomatie, le maintien de l’ordre au détriment de la négociation…
Aujourd’hui, la guerre s’invite sur tous les continents… Les guerres dites « modernes » tuent avec la même barbarie que celles d’hier, que ce soit en Ukraine, en Palestine, au Yemen, au Mali… Guerre des riches et guerres des lâches qui assassinent par procuration en fournissant armes et munitions aux pauvres qui s’entretuent… Comme les marchands de canons de 14-18 ou de l’entre-deux-guerres, il faut bien que l’industrie de l’armement liquide ses stocks et continue sa course folle aux arsenaux…
Il y aurait tant à faire pour éradiquer la faim et la misère du monde, pour soigner, pour l’éducation, pour la culture…
N’est-il pas temps aujourd’hui de faire d’autres choix, et en suivant la parole de Jaurès et de quelques autres d’exhorter le monde à la paix et à la vie, pour les femmes d’Iran, les enfants de Gaza, les mères de Russie ou d’Ukraine ? Peut-être sera-t-il bientôt trop tard quand le ventre de la bête immonde aura accouché de ses nouveaux monstres.
Si la vigilance est toujours de mise, vient le temps de la résistance. Nous nous y engageons.
Notre comité local a reçu le label du 80ème anniversaire pour l’action que nous menons… Un encouragement à poursuivre sur la voie que nous avons tracée depuis plusieurs décennies au service de la mémoire de la Résistance.
Je vous remercie d’y contribuer au sein de notre association ou en l’accompagnant dans ses initiatives.
Daniel Levieux, pour le Comité local de l’ANACR Meillard-Le Montet ( 27 mai 2024 )