Texte l’hommage de l’ANACR lors des obsèques de Robert JOYON :
Nous voilà réunis pour un dernier adieu à notre ami Robert.
Dans ces moments de grande peine, et au nom de l’ANACR, je veux dire tout notre soutien à Huguette, son épouse, à Claude et Danièle, ses enfants, ses petits-enfants et toute sa famille. Recevez les condoléances les plus sincères des anciens résistants de l’ANACR et des amis plus jeunes qui nous rejoignent. Nous partageons tous votre douleur.
Robert nous quitte et avec lui nous perdons un ami, un compagnon de tant de combats, un camarade de tant de luttes, un homme de cœur, d’une grande générosité, qui savait admirablement faire vivre l’esprit de Résistance qui l’a animé toute sa vie.
Robert était né le 8 février 1924
Encore bien jeune à la déclaration de la guerre il ne lui avait pas fallu longtemps pour choisir son camp. La montée du fascisme, les injustices sociales avaient nourri ses convictions et son engagement militant ne pouvait que se renforcer face à la collaboration pétainiste et à la répression accompagnant l’occupation allemande.
Son père arrêté en 1941 au seul motif qu’il était communiste, son grand-père révoqué du conseil municipal de Besson pour avoir déclaré son hostilité à Pétain, déjà bien conscient de la perte des libertés publiques et des valeurs de la république Robert entrait tout naturellement en Résistance.
En rejoignant la Résistance, Robert choisit le chemin de l’honneur dès les premiers jours avant de s’engager dans la lutte clandestine en 1941. Pendant tout l’hiver 41-42 il ne ménagea pas ses efforts pour réorganiser les jeunesses communistes dans la clandestinité. Journaux, tracts, collecte de ravitaillement, Robert s’est rapidement vu confié des responsabilités.
Il avait été chargé d’organiser l’aide aux réfractaires au STO sur l’ensemble du département. Pris en charge et orientés vers les maquis ils contribuaient au renforcement des mouvements de Résistance dans la région.
Je me souviens de l’efficacité de Robert ; dans la période d’installation du camp Hoche dans les bois des Champs, on m’avait donné son contact pour trouver le ravitaillement nécessaire aux hommes du camp. Une semaine après l’avoir rencontré, je vis arriver Robert, une petite remorque chargée de ravitaillement accrochée à son vélo.
J’avais eu ensuite d’autres occasions de le retrouver au maquis, toujours aussi à l’aise et efficace.
Clandestin sous une fausse identité Robert avait refusé de rejoindre les « chantiers de jeunesse ». C’est lors d’une de ses missions, le 17 juillet 1944, qu’il a été arrêté à Montluçon, les hommes de Pétain ne le démasqueront pas mais veulent l’envoyer au STO en Allemagne. Robert réussira à s’évader du train qui le conduisait en Allemagne pour revenir dans l’Allier et nous rejoindre dans la lutte pour la libération du département.
Toujours trop modeste dans l’évocation de ses souvenirs, Robert a largement contribué à faire de notre région la terre de Résistance qu’elle a été.
Homme de conviction, sensible et pétri d’humanisme, Robert a toujours été un défenseur infatigable de la justice, de la liberté et de la paix.
Au sein de notre association, l’ANACR, Robert a pris une grande part au travail de mémoire, toujours présent, actif ; loin de lui le souci d’une nostalgie d’ancien combattant, Robert n’a jamais cessé son combat au service de l’idéal de la Résistance qui l’avait fait se lever contre l’occupant nazi et les collabos de Pétain et Laval.
Il était toujours combattant pour résister au saccage des acquis de la libération construits sur les bases du programme du Conseil National de la Résistance, toujours combattant et passeur de mémoire pour que notre combat passé de plus de 60 ans qui avait redonné son honneur à la France ne soit pas oublié et enseigne aux plus jeunes générations les voies d’une vie meilleure, plus juste, plus humaine, épargnée des misères de la guerre et des tyrannies meurtrières.
Robert nous a quittés et nous manque cruellement ; son sourire et sa gentillesse, son œil parfois malicieux et ses mots justes, le plaisir qu’il prenait à la rencontre et à l’échange, l’esprit libre, tout ce qu’il était restera dans notre souvenir de compagnons de lutte, aussi vif que dans celui des plus jeunes qui nous ont rejoint et qui avaient trouvé en Robert le pédagogue infatigable de l’idéal de la Résistance. Ses justes colères résonneront toujours aussi, qui le faisaient s’élever avec nous contre les pratiques indignes de quelques historiens de circonstance prompts à censurer ou à falsifier la mémoire de la Résistance.
Toute sa vie il aura combattu pour une humanité meilleure, faite de vérité et de justice.
Soyons nombreux à suivre ses pas, c’est le plus bel hommage que nous puissions lui rendre