Le 27 mai dernier, le comité de Vichy – Montagne Bourbonnaise a honoré la mémoire de Roger DESORMIERE
Lucien Séchaud et Gérard Labonne (adjoint au maire de Saint-Yorre) on présidé cette cérémonie avec un dépôt de gerbe au pied de la plaque mentionnant l’engagement de Roger DESORMIERE, et une prise de parole devant le public restreint selon les exigences des règles sanitaires du moment.
Texte du discours prononcé par Gérard LABONNE
Ce 27 mai, journée nationale de la Résistance, rend hommage à toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont combattu l’envahisseur nazi et ses supplétifs.
L’engagement de ces combattants a été l’honneur de la France au moment où les forces réactionnaires de notre pays se faisaient complices de l’envahisseur et de la mise à mort de nos libertés.
Cette résistance que le Conseil National de la Résistance définissait en mars 1944 comme étant- je cite – « née de la volonté ardente des Français de refusait la défaite, la résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée. Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la libération. Ce n’est en effet qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité ».
Oui, la résistance a d’abord été un refus de la défaite et de ses conséquences et une entrée volontaire dans le combat. Et il a fallu du courage à ces combattants de l’ombre pour avancer sur le chemin de l’honneur au péril permanent de leur vie ; il en fallu de la volonté à ces pionniers de la liberté pour se faire entendre, éclairer les raisons du combat, dissiper les mensonges, la désinformation.
Roger Desormière, ce Vichyssois qui apprenait la musique à la Semeuse à Cusset était un des leurs ; chef d’orchestre brillant, compositeur qui a côtoyé les plus grands musiciens de son époque était aussi un fervent communiste, ami de Thorez, Aragon et Picasso. Alors que le PCF était dissous depuis septembre 1939, il entra dans la résistance et devint membre fondateur du Front National des Artistes pendant l’occupation ; il est de ces Vichyssois qui fit honneur à sa ville, à son pays, à son parti, à coté d’autres figures locales engagées dans le même combat, sur place, contre l’occupant, comme Jacques Guillaumin, directeur de l’école Paul Bert qui, arrêté en octobre 40, fut une des premières victimes de Pétain. Pour leurs actes et leurs engagements au service de la liberté, ces hommes mériteraient la reconnaissance de la ville et du territoire. Le devoir de mémoire ne peut être sélectif.
Il y a eu un grand nombre de gestes héroïques dans ce bassin thermal de Vichy, parfois anodins ; les historiens, les associations d’anciens combattants en font état dans de nombreuses publications ; ce qui montre le danger de considérer Vichy uniquement comme le siège du gouvernement de Pétain, le bassin thermal a été aussi un territoire de résistance ; ainsi, 80 députés ont refusé, en juillet 40, de voter, dans cet opéra de Vichy, les pleins pouvoirs à Pétain. Ces hommes courageux ont sauvé l’honneur des partis radicaux et socialistes qui avaient soutenu le Front Populaire et qui, majoritairement ont cru dans Pétain.
Toute cette période de combats, de sacrifices, conduite par des femmes et des hommes de tous horizons, de croyances différentes a contribué à la création, en 1943, en pleine guerre, du Conseil National de la Résistance réunissant huit mouvements de Résistance, six partis politiques et deux centrales syndicales. Concrétisant leur vision de la résistance, ils ont rêvé de construire les jours heureux, ils ont imaginé la France de demain et cet incroyable défi, ils l’ont réalisé.
Deux ans après, dans une France en ruine, un gouvernement réunissant des ministres gaullistes, de la SFIO et du PCF, reconstruisent le pays en faisant le choix de mettre en œuvre des avancées sociales, économiques et politiques majeures, complétant les conquêtes, quelques années plus tôt, du Front populaire : les femmes votent pour la première fois le 29 août 1945, la Sécurité sociale est inventée et mise en place, tout comme notre système de retraite par répartition, le gouvernement nationalise les Houillères, Renault, les banques de dépôt et la Banque de France, l’électricité et le rail. Le droit à l’éducation et à la culture pour tous est instauré.
Aujourd’hui, ces résultats sonnent à la porte de la sortie de crise sanitaire que nous traversons ; le CNR fait raisonner l’espoir qu’une autre vie est possible après une crise. A l’heure où touts le monde s’interroge sur les moyens de reconstruire le pays, l’action du CNR et son bilan montrent que l’on peut changer de modèle économique, renforcer les solidarités nationales, préserver la planète, agir pour la paix et le désarmement et mettre l’argent au service de l’humain. C’est l’enseignement majeur que le Conseil National de la Résistance nous apporte en cette année 2020.
A nous de l’entendre et de le traduire en actes.